vendredi 24 octobre 2014

The Hunger Games...

Pour trouver l'inspiration, lorsque je crée de nouvelles séquences pour les élèves, je me tourne parfois vers la littérature pour adolescents. Etant dans l'optique de créer une séquence sur le thème de la rébellion pour mes classes de troisième, je me suis donc tournée vers The Hunger Games après avoir vu le deuxième opus de la saga. Je n'avais pas gardé un très bon souvenir du premier film, mais le deuxième est vraiment pas mal.
J'ai donc commandé le premier tome cet été, et je viens de le terminer. Et je dois dire que j'ai plutôt aimé l'expérience. Ce n'est pas de la grande littérature, mais c'est efficace et distrayant.



Le style est simple, sans fioriture, à l'image de son personnage principal. Le récit est conté par l'héroïne, Katniss Everdeen, à la première personne du singulier et au présent simple. La narration est linéaire, ce qui se prête particulièrement à l'intrigue et crée un lien émotionnel avec le lecteur, puisque la tension ressentie par les personnages monte au fur et à mesure.

L'intrigue, particulièrement âpre, est d'une cruauté peu commune si on considère le public visé. Dans une société américaine futuriste, après la montée des eaux et la réduction dramatique du territoire américain, les Etats-Unis se composent de Panem, une nation toute puissante et victorieuse où les habitants vivent dans le luxe, et de douze districts asservis, dont la fonction première est d'approvisionner Panem en matières premières et en produits manufacturés. 
Pour maintenir les districts dans la servitude, Panem organise tous les ans les "Hunger Games" (littéralement, les jeux de la faim), terrifiant programme de téléréalité qui oblige des "tributs" (jeunes gens âgés de  12 à 20 ans) à s’entre-tuer pour espérer rentrer chez eux. Les candidats sont tirés au sort lors de cérémonies organisées dans chaque district - les "reapings" ou fauchages. Un couple est sélectionné dans chaque district, préparé par un mentor et ce qui ressemble à une chargée de communication pendant quelques jours, puis jeté dans une arène avec seulement deux règles claires - le dernier à être en vie est le vainqueur, et les candidats doivent rester dans leur cercle les deux premières minutes du jeu, sous peine d'exploser - et une règle implicite - le cannibalisme n'est pas toléré. 

C'est là que Katniss entre en jeu. Jeune fille chef de famille dans le district minier, Katniss subvient aux besoins des siens après la mort de son père en chassant et en commerçant au marché noir. Endurcie par la vie, elle est tout de même terrifiée (et révoltée) par la perspective des jeux. Mais quand sa petite sœur est sélectionnée, elle n'hésite pas une seconde et se porte volontaire pour l'épargner. 
L'auteur dresse un portrait de l'héroïne peu flatteur. Traumatisée par la mort de son père et la défaillance de sa mère endeuillée, elle est dépeinte comme une "control freak" aigrie et qui refuse de laisser les sentiments prendre le dessus. Attention, elle reste dotée d'un véritable sens moral et refuse l'injustice. Mais elle est aussi pragmatique, elle n'hésite pas, par exemple, à parler de son inimitié pour Bouton d'Or, le chat décati de sa sœur, qu'elle a cherché à noyer pour s'éviter une bouche de plus à nourrir. (Ambiance!)
Alors forcément, on est bien loin des héroïnes stéréotypées dont la préoccupation première est de trouver l'Amour. Au contraire, elle comprend très vite comment fonctionne les jeux de pouvoir (il existe un système de sponsorisation au sein de l'arène, basé sur la cote de popularité de chaque joueur) et les faux-semblants. Elle porte également à bout de bras son compagnon d'infortune, Peeta, dans l'enfer de l'arène.
En clair, c'est une survivante qui n'a pas peur de se salir les mains. Et en ces temps où on est encore obligés d'expliquer aux jeunes filles ce qu'est l'égalité des sexes et que non, elle n'ont pas à s'interdire des métiers, des attitudes, des ambitions typiquement masculins, ça fait du bien.

L'autre point fort du livre, c'est l'aperçu qu'il donne sur une société asservie, sur la propagande, sur le fonctionnement d'une colonie et de ses relations avec le colonisateur. Les contrastes entre l'extrême pauvreté (alors même que les protagonistes travaillent à enrichir Panem avec ses propres biens) et l’opulence indécente.

En bref, sans être le roman du siècle (je ne projette pas d'interrompre mon programme de lecture pour lire la suite dans les jours qui viennent), Hunger Games interpelle par la modernité du traitement et le fait que l'adolescent n'est pas pris pour un consommateur de produits Disney un crétin. 



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