vendredi 31 octobre 2014

Veggie Pie à l'anglaise...

Après mes aventures saint-honoresques du week end dernier, j'ai eu envie de faire quelque chose avec les restes de pâte feuilletée. J'ai trouvé dans le livre "Made in London" la recette de le veggie pie (ou tourte végétarienne). C'est hyper facile à faire, c'est plein de bonnes choses et cela peut très bien être fait avec de la pâte feuilletée du commerce.



Pour réaliser la recette, il vous faudra:
- 100 g de lentilles corail
- 1 patate douce
- 1 aubergine
- 1 filet d'huile d'olive
- 2 cuillères à soupe de crème fraîche épaisse
- le jus d'1/2 citron
- 2 rouleaux de pâte feuilletée
- 1 oeuf
- sel, poivre




  1. Préchauffer le four à 210°C.
  2. Faire cuire les lentilles corail en suivant les instructions sur le paquet (si vous les achetez en vrac dans un magasin bio, il faudra les faire cuire 20 minutes).
  3. Faire cuire la patate douce à l'eau (20 à 25 minutes). Vérifier la cuisson avec la pointe d'un couteau, l'égoutter et l'éplucher.
  4. Couper l'aubergine en deux dans le sens de la longueur, sale, arroser d'huile d'olive et enfourner 25 minutes.
  5. Dans le mixer, mettre les lentilles, la patate douce, la crème, saler et poivrer puis mixer.
  6. Couper grossièrement l'aubergine et l'arroser avec le jus de citron.
  7. Préchauffer le four à 180°C.
  8. Sur une plaque de cuisson, étaler une rouleau de pâte feuilletée. Garnir avec une première couche de mélange patate douce / lentilles. Mettre une couche d'aubergines. Terminer avec une couche lentilles / patate douce.
  9. Recouvrir avec le deuxième disque de pâte et souder les bords à l'aide d'une fourchette.
  10. Dorer avec l'oeuf bâtu.
  11. Enfourner 25 minutes.


J'ai servi avec une salade de concombre et le reste des aubergines. Un vrai délice.

dimanche 26 octobre 2014

Challenge du week end... Le Saint-Honoré

Galvanisée par mes mercredis soirs passés devant l'émission de M6 "Le Meilleur Pâtissier", je me sens venir des humeurs sucrées ce weekend ... En mal de sensations fortes culinaires, j'ai demandé à mon amie Sarah (qui nous fait régulièrement saliver devant les photos de ses œuvres) de me lancer un défi. J'avais envie de quelque chose de rétro et si possible avec de la pâte feuilletée (je n'en ai jamais fait, c'est donc l'occasion qui fait le larron). Son choix s'est porté sur le Saint-Honoré, dessert qui éveille pour moi beaucoup de nostalgie: c'était l'un des desserts préférés de mon grand-père, et mon papa en faisait assez régulièrement quand j'étais petite. (Et pour tout dire, je n'aimais pas trop ce dessert qui mêlait trop de saveurs pour mon palais d'enfant. Je préférais alors les bons gâteaux au chocolat et les roulés à la confiture).

Alors c'est parti pour le Saint-Honoré. Je vais me baser sur le blog (au demeurant très complet) de Mercotte, la vraie star du show de M6. Je ne me suis pas embarquée dans la préparation d'une crème chiboust ou diplomate, j'ai fait simplissime.



Dimanche - 9h25.

Je viens de réaliser la première étape de ma pâte feuilletée en me basant sur la recette de Mercotte que vous trouverez ici. Voici les ingrédients dont vous aurez besoin.


Pour la détrempe (base de la pâte à laquelle on incorpore après le beurre):

  • 250g de farine;
  • 50 g de beurre ramolli;
  • 7 g de sel (ça a l'air beaucoup mais je suis les proportions données);
  • 1/8 de litre d'eau, soit 125 g;
  • quelques gouttes de vinaigre d'alcool blanc.
A l'aide du robot, j'ai réalisé une pâte. Je l'ai rassemblée en une belle boule, j'ai fait une incision en croix assez profonde pour ensuite étaler les bords et me retrouver avec une forme carrée, et pour terminer j'ai filmé et mis au réfrigérateur.



Pendant ce temps, j'ai préparé mon beurre. J'ai placé une plaquette de 250 grammes dans un film alimentaire, et à l'aide de mon rouleau à pâtisserie, je l'ai étalée de manière à obtenir un rectangle plat. Trop enthousiaste, j'ai obtenu un rectangle de 15cm sur 20, quand Mercotte prône un carré de 15 cm sur 15 cm. J'espère pouvoir rattraper cela avec le façonnage. J'ai également remis au réfrigérateur, et j'attends au minimum une demi-heure que les deux éléments de ma pâte soient à la même température.







Pour aller plus loin, en attendant, j'ai trouvé cette vidéo très instructive.


10h12 - Les deux premiers tours viennent d'être faits. (OK, ce n'est pas parfait, mais c'est ma première, OKAYYYY????)

Voici en photo les premières étapes. Je pense que ce n'est pas parfait et que du beurre s'est un peu échappé de ma détrempe. On verra à la cuisson ce que ça donne.


On étale la détrempe puis on referme les bords (et je crois que la forme compte vraiment et qu'il aurait fallu une forme carrée, c'est pour ça que mon résultat final laisse à désirer.)


Un fois le beurre emprisonné, on étale le pâton de manière à obtenir une bande qu'on fait tourner d'un quart de tour, et dont on rabat les bords l'un sur l'autre (d'abord à droite puis à gauche, toujours) et on répète l'opération pour donner les deux premiers tours. (On fait deux empreintes de doigts pour repérer le nombre de tours.





11h54 - Les tours sont donnés, la pâte est abaissée et le fond est prêt à cuire (une fois passé minimum une demi-heure au frais).



Prochaine étape, les petits choux. En attendant, je vais aller prendre un bon bain pour me détendre (parce que quand même, c'est du stress, tout ça...)

13h53 - Bon, en fait je n'ai pas pris de bain. À la place, je procrastine dans mon plus beau pyjama du dimanche.

Je viens de faire mes petits choux. Encore une fois, il faut prendre en considération que c'est mon baptême du feu des petits choux. J'en ai fait un peu à Noël dernier, mais ce n'était pas une franche réussite.
Et aujourd'hui, je m'y suis reprise à deux fois (la première fournée souffrait d'une pâte trop liquide).

J'ai utilisé:
  • 125 g d'eau
  • 55 g de beurre
  • une pincée de sel
  • 75 g de farine tamisée
  • 2 oeufs.
On commence par porter à ébullition l'eau, le beurre et le sel. Hors du feu, on incorpore la farine puis on retravaille le mélange à la cuillère en bois pendant 3 minutes. On met ensuite la préparation dans la cuve du robot et on met en marche pour aider la préparation à refroidir. Au bout de 5 minutes, on ajoute les œufs un par un (la préparation doit être homogène avant l'ajout de l’œuf suivant).

Ensuite, avec une poche à douille, on forme les choux sur une plaque recouverte de papier cuisson, on dore avec un jaune d'oeuf additionné d'eau et on enfourne 35 minutes à 185 °C.

Et voilà!!!




15h - Nouvelle étape: la crème pâtissière (hyper vanillée)

Alors là, j'ai suivi la recette de Mercotte à la lettre (en fait non, les ingrédients, j'ai pris la version "tout le monde à ça dans son frigo"!). Il faut:
  • 1/4 de litre de lait (normal, hein, pas micro-filtré à $50 le dé à coudre);
  • 4 jaunes d'oeufs
  • une gousse de vanille
  • 10 g de maïzena
  • 10 g de farine (pas de "farine forte" chez moi).
On casse les oeufs et on réserve les jaunes dans un cul de poule (les blancs pourront servir à une énième tentative de macarons râtés). Après avoir fendu en deux et gratté la gousse de vanille, on ajoute les graines aux jaunes et on porte le lait à ébullition en laissant les cosses y infuser. Pendant ce temps, on fait blanchir légèrement les jaunes en les fouettant avec le sucre puis on ajoute les farines. Quand le lait bout, on l'ajoute à la préparation, on mélange vivement et remet le tout sur le feu, dans la casserole. On reporte à ébullition puis en laisse épaissir une minute ou deux. Cela va très vite. Pour finir, on débarrasse dans un récipient et on filme au contact. On fait refroidir rapidement. 



17h50 - Gâteau finalisé, yeah!!!

J'ai commencé par cuire mon fond de pâte feuilletée (pas très rond mais c'est pas grave, c'est de l'art!). Après l'avoir enfourné 15 minutes à 190° C entre deux plaques de cuisson et de feuilles de papier sulfurisé, je l'ai saupoudré de sucre glace et enfourné à nouveau 10 minutes à 225. (Là, c'était trop, les bords étaient trop cuits).


Après avoir sélectionné les petits choux que j'allais utiliser, j'ai fait mon caramel (120 g de sucre avec 3 cuillères à soupe d'eau). J'ai garni les choux de crème pâtissière. J'ai ensuite assemblé le tout avec le caramel (je me suis un peu brûlé les doigts au passage...). L'idée, c'est d'en mettre sur les choux et de se servir aussi du caramel pour les fixer sur le fond de pâte feuilletée.



 J'ai ensuite garni l'intérieur de mon Saint Honoré avec le reste de crème pâtissière.



 Pour finir, j'ai monté la crème liquide en chantilly en utilisant 25 ml de crème liquide entière avec 10 gr de sucre glace (ajouté à la fin) et les graines d'une gousse de vanilles.







Et voici mon oeuvre.

Verdict, c'est beaucoup de travail si on décide de le faire sur une seule journée. Mais la pâte feuilletée peut-être préparée à l'avance ou remplacée par un fond de pâte brisée. On peut également étaler les préparations sur 2 ou 3 jours pour limiter le travail. Quant à la crème, une chiboust et / ou une diplomate ont une meilleure tenue, donc, si on cherche à épater la galerie, c'est plus intéressant, mais c'est aussi plus technique. Je reste assez fière de ma création. C'est la première fois que je me lance dans quelque chose d'aussi ambitieux, et le résultat est plutôt joli.

L'autre intérêt de ce dessert, ce sont les déclinaisons qu'il offre. (Pourquoi ne pas faire une déclinaison avec de la crème à la pistache et des framboises?)

J'espère que je vous ai donné envie.



vendredi 24 octobre 2014

The Hunger Games...

Pour trouver l'inspiration, lorsque je crée de nouvelles séquences pour les élèves, je me tourne parfois vers la littérature pour adolescents. Etant dans l'optique de créer une séquence sur le thème de la rébellion pour mes classes de troisième, je me suis donc tournée vers The Hunger Games après avoir vu le deuxième opus de la saga. Je n'avais pas gardé un très bon souvenir du premier film, mais le deuxième est vraiment pas mal.
J'ai donc commandé le premier tome cet été, et je viens de le terminer. Et je dois dire que j'ai plutôt aimé l'expérience. Ce n'est pas de la grande littérature, mais c'est efficace et distrayant.



Le style est simple, sans fioriture, à l'image de son personnage principal. Le récit est conté par l'héroïne, Katniss Everdeen, à la première personne du singulier et au présent simple. La narration est linéaire, ce qui se prête particulièrement à l'intrigue et crée un lien émotionnel avec le lecteur, puisque la tension ressentie par les personnages monte au fur et à mesure.

L'intrigue, particulièrement âpre, est d'une cruauté peu commune si on considère le public visé. Dans une société américaine futuriste, après la montée des eaux et la réduction dramatique du territoire américain, les Etats-Unis se composent de Panem, une nation toute puissante et victorieuse où les habitants vivent dans le luxe, et de douze districts asservis, dont la fonction première est d'approvisionner Panem en matières premières et en produits manufacturés. 
Pour maintenir les districts dans la servitude, Panem organise tous les ans les "Hunger Games" (littéralement, les jeux de la faim), terrifiant programme de téléréalité qui oblige des "tributs" (jeunes gens âgés de  12 à 20 ans) à s’entre-tuer pour espérer rentrer chez eux. Les candidats sont tirés au sort lors de cérémonies organisées dans chaque district - les "reapings" ou fauchages. Un couple est sélectionné dans chaque district, préparé par un mentor et ce qui ressemble à une chargée de communication pendant quelques jours, puis jeté dans une arène avec seulement deux règles claires - le dernier à être en vie est le vainqueur, et les candidats doivent rester dans leur cercle les deux premières minutes du jeu, sous peine d'exploser - et une règle implicite - le cannibalisme n'est pas toléré. 

C'est là que Katniss entre en jeu. Jeune fille chef de famille dans le district minier, Katniss subvient aux besoins des siens après la mort de son père en chassant et en commerçant au marché noir. Endurcie par la vie, elle est tout de même terrifiée (et révoltée) par la perspective des jeux. Mais quand sa petite sœur est sélectionnée, elle n'hésite pas une seconde et se porte volontaire pour l'épargner. 
L'auteur dresse un portrait de l'héroïne peu flatteur. Traumatisée par la mort de son père et la défaillance de sa mère endeuillée, elle est dépeinte comme une "control freak" aigrie et qui refuse de laisser les sentiments prendre le dessus. Attention, elle reste dotée d'un véritable sens moral et refuse l'injustice. Mais elle est aussi pragmatique, elle n'hésite pas, par exemple, à parler de son inimitié pour Bouton d'Or, le chat décati de sa sœur, qu'elle a cherché à noyer pour s'éviter une bouche de plus à nourrir. (Ambiance!)
Alors forcément, on est bien loin des héroïnes stéréotypées dont la préoccupation première est de trouver l'Amour. Au contraire, elle comprend très vite comment fonctionne les jeux de pouvoir (il existe un système de sponsorisation au sein de l'arène, basé sur la cote de popularité de chaque joueur) et les faux-semblants. Elle porte également à bout de bras son compagnon d'infortune, Peeta, dans l'enfer de l'arène.
En clair, c'est une survivante qui n'a pas peur de se salir les mains. Et en ces temps où on est encore obligés d'expliquer aux jeunes filles ce qu'est l'égalité des sexes et que non, elle n'ont pas à s'interdire des métiers, des attitudes, des ambitions typiquement masculins, ça fait du bien.

L'autre point fort du livre, c'est l'aperçu qu'il donne sur une société asservie, sur la propagande, sur le fonctionnement d'une colonie et de ses relations avec le colonisateur. Les contrastes entre l'extrême pauvreté (alors même que les protagonistes travaillent à enrichir Panem avec ses propres biens) et l’opulence indécente.

En bref, sans être le roman du siècle (je ne projette pas d'interrompre mon programme de lecture pour lire la suite dans les jours qui viennent), Hunger Games interpelle par la modernité du traitement et le fait que l'adolescent n'est pas pris pour un consommateur de produits Disney un crétin. 



mercredi 22 octobre 2014

Gone Girl... La bombe de Fincher...

Fincher et moi, c'est une grande histoire d'amour (OK, lui ne le sait pas, mais quand même!) Je ne dis pas qu'il ne s'est pas parfois égaré (mais d'où lui est venu cette idée saugrenue d'adapter Millénium alors que la série originale est déjà si réussie? Une indulgence face à un public américain qui refuse de lire des sous-titres??? Bref...)

Ça a commencé avec Fight Club... Le plus grand film de tous les temps selon moi. Et puis j'ai vu des films comme le nihiliste Se7en, The Game, The Social Network, le méticuleux mais un peu chiant quand même Zodiac ou encore Benjamin Button (qui m'a fait pleurer comme une madeleine, et ça ne m'arrive pas souvent!). À chaque fois, à des degrés différents, le talent du réalisateur s'affirme. Alors quand on m'annonce que Fincher a encore fait fort, j'y vais sans trop me poser de questions, même si a priori, il s'attaque à un genre que je n'affectionne pas particulièrement, le polar.



Et là, c'est la claque. Attention à toi lecteur, si tu n'as pas encore vu le film, arrête tout de suite la lecture, parce que je vais spoiler, spoiler et encore spoiler. Il est encore temps de stopper ta lecture. Après, je ne suis plus responsable de rien.

Non??? Tu es toujours là, lecteur adoré? Tu es sûr de toi? OK, c'est parti.

Tout d'abord, ça commence par l'installation d'une atmosphère bien particulière. C'est comme si on était dans du coton, anesthésié mais pas complètement, shooté à la novocaïne en permanence. On est transporté dans l'intimité factice d'un couple qui paraît avoir réussi sur tous les plans et qui pourtant se délite de l'intérieur. Le premier plan est sans équivoque : Ben Affleck sort les poubelles puis s'immobilise devant sa maison immense, prêt à prendre le volant de sa grosse cylindrée, le journal sous le bras (le gars à 35 ans à tout casser!!!), le regard préoccupé, perdu dans les rues désertes de ce Wisteria Lane aux teintes beiges. La musique de Trent Reznor, actrice majeure de la maestria de Fincher, berce déjà le spectateur telle des illusions qui commencent, presque imperceptiblement, à flancher. (On sent d'ailleurs l'influence feutrée de la musique de Twin Peaks).

Gone Girl, c'est d'abord le portrait de Nick Dunn, un homme faible. Un homme dont les dessous ne sont pas bien propres, un homme qui a laissé sa vie lui échapper et qui essaie de se sentir vivant par des moyens peu nobles, parfois avilissants. C'est la descente aux enfers classique du mari, suspect numéro un dans la disparition de sa femme. Et le spectateur ne parvient pas à ressentir de l'empathie pour lui : alors que la thèse de la machination s'impose aux yeux du spectateur, le gâchis de sa vie devient de plus en plus évident. Ses déboires professionnels, sa déroute amoureuse et les clichés qui l'accompagnent (la maîtresse beaucoup plus jeune, les disputes sur l'argent, le bellâtre qui prend de l'embonpoint...) se dessinent à chacun des indices qui le mènent à la clé de l'énigme. Ben Affleck est magistral en homme qui ne s'est pas vu vieillir. Alors que s'organise une campagne de recherche menée par ses beaux-parents (mais pourquoi n'y a-t-il pas songé lui-même?), on le voit sourire à la demande des journalistes à côté de la photo de sa femme disparue (déjà morte?). Sociopathe ou grand maladroit? (étonnant de la part d'un journaliste). Il se laisse manipuler avec une facilité déconcertante, parfois touchante. Et systématiquement par des femmes, comme le souligne cette scène où il fait un selfie avec une voisine cherchant plus ou moins à le draguer. Alors qu'il comprend son erreur et cherche à lui faire effacer la photo, elle lui rétorque qu'elle fera ce qu'elle voudra de la photo, comme si c'est lui qui avait été invasif. Et c'est à ce moment-là qu'il se retrouve complètement dépossédé de son identité, de son image. Il n'est plus victime, ni suspect, ni mari. Il est désormais la proie des média qui feront de lui une cible privilégiée.



Fincher traite clairement les média comme un personnage à part entière. Il y a encore quelques années, les hommes d'affaires, les banquiers, ou encore les avocats étaient représentés comme de véritables ordures sans foi ni loi. Aujourd'hui, les requins, ce sont les journalistes. Ils se jettent sur Dunn comme des charognards, avides de sang (veulent-ils vraiment croire qu'Amy, dont le corps est toujours introuvable, est vivante?). Dunn tente bien de jouer leur jeu (pas tout seul, hein, avec un avocat qui coûte une blinde et qui finit de le ruiner lui et sa famille) mais au final, tels des chats, les journalistes retombent toujours sur leurs pattes. Sans aucun amour propre, sans pudeur. C'est la désinformation organisée que dénonce Fincher. On ne cherche pas à informer, mais à raconter des histoires rocambolesques, palpitantes. On colle aux attentes du spectateur, qui n'est plus un citoyen responsable mais un consommateur rivé à sa télévision.



C'est ce qu'a bien compris Amy Dunn, femme blessée (et un tout p'tit peu sociopathe sur les bords). Au passage, donnons tout de suite l'Oscar à Rosamund Pike, on gagnera du temps. Après une première partie où elle n'apparaît qu'en flash back, le personnage prend réellement son envol à la deuxième partie du film, quand il devient évident que le mari trompé a été trompé. Mais au-delà de la femme froide, calculatrice et implacable, il y a l'histoire d'une femme dépossédée par ses propres parents. Enfant issue d'un milieu New-yorkais huppé, il devient très vite évident qu'elle a été utilisée par ses parents (ou plus exactement dépossédée). Sa mère, écrivain pour enfant, a créé le personnage de "Amazing Amy" pour une série de livres à succès (genre de Martine) en prenant pour inspiration les grandes étapes de la vie de sa progéniture. Problème : quand Amy ne fait pas, échoue, refuse, se détourne, est en retard, Amazing Amy devient très vite un miroir déformant qui ébrèche chaque fois un peu plus le moral et l'estime de soi de "Plain Amy". Mais voilà : Amy est richissime, et ce grâce à son alter ego. Alors quand Amazing Amy se marie, elle est bien obligée de faire bonne figure et d'étaler devant les journalistes sa vie amoureuse et de se justifier (jusqu'à ce que, tel un preux chevalier, Nick la sauve en la demandant en mariage). Mais l'injustice est telle, que quand frappe la crise de 2009, Amy donne (de son plein gré) la quasi totalité de sa fortune à ses parents, ruinés. Et le fait qu'elle et Nick viennent d'être licenciés ne change rien. La spoliation est totale. Elle n'est plus personne, et c'est à ce moment, je pense, que l'étau se referme autour de la relation Nick / Amy .

Attention :  ce n'est pas son mari qui la pousse à la folie (l'intrigue aborde ses histoires d'amours antérieures à son mariage, et ses vengeances diaboliques). Mais être trompée l'oblige à affronter l'échec de son mariage et la blessure de la trahison. Parce que dépossédée de tout, elle va attendre de son mari un amour inconditionnel. Mais face au quotidien (les problèmes d'argent, l'emprise familiale, le déracinement...) l'amour s'use, et Nick accumule les faux-pas, jusqu'à la maîtresse (qui curieusement, ne s'attire pas les foudres de notre sociopathe). Et là, s'en est trop.

Choix intéressant, c'est quand il devient clair pour Nick qu'il a été victime d'un coup monté par sa femme, et que le prochain arrêt risque d'être le couloir de la mort, que l'intrigue le quitte pour suivre Amy. Elle part sans remord, au volant d'une vieille voiture, filant à toute allure le plus loin possible. De victime (comme l'insinue Fincher lorsqu'il insère des passages de son faux journal intime en voix off pour enfoncer davantage Dunn aux yeux du public) elle devient froide calculatrice.
Alors qu'elle déroule le fil de son plan tout en éliminant les preuves, le perfectionnisme de sa folie se fait jour (même les stylos fantaisie utilisés pour rédiger son faux journal intime sont dans le thème et donne du corps à l'affabulation). Sa détermination est telle que, sans le moindre ménagement pour son corps, elle est prête à finaliser son plan avec son propre cadavre. Et puis les choses changent petit à petit. Pourquoi mourir? Elle s'invente une nouvelle identité, change de coiffure, s'affuble de lunettes, prend un accent du sud populaire. Elle suit alors "les aventures" de Nick à la télévision, devenant la spectatrice que les média cherchent à satisfaire. Sa mesquinerie ressort de temps en temps (crachat dans une limonade à l'appui). Elle se montre si méprisante, si imbue d'elle-même et de son intelligence, qu'elle va se laisser aller à à la négligence et finalement se faire berner par deux junkies white trash, qui - sous leurs dehors ploucs - la percent à jour très rapidement. Et c'est alors que commence un troisième acte à la cruauté sans pareil.

Dépossédée à nouveau, elle se tourne vers son ancien amant, le très riche et très amoureux Desi Collings - Patrick Neil Harris, qu'on lui donne aussi un Oscar, tant qu'on y est. Elle lui avoue tout (enfin, elle se fait tout de même passer pour la victime, hein... Elle avait peur pour sa vie...), le rend complice, lui fait croire que tout est possible, et lui, transi d'amour, est prêt à toutes les dérives. Alors bien sûr, ce n'est pas un conte de fée, et il est clair que le monsieur à des conditions et se montre légèrement pressant. Le refuge (un chalet tout confort caché au milieu de nulle part) devient une cage dorée (le système de vidéo surveillance est très performant). Mais voilà, alors que son mari fait son mea-culpa à la télé (en lui envoyant tout de même quelques messages subliminaux pouvant être traduits par "I know everything, Bitch!") elle voit une échappatoire  une déclaration d'amour. Prête à tout pour survivre, elle prépare dans les moindres détails sa fuite. Malmenant encore une fois sa personne (je ne verrai plus jamais une bouteille de champagne sans frissonner), elle met patiemment sur pied une mise en scène pour faire tomber son "sauveur" tant socialement que physiquement. Et après avoir orchestré la disparition (le sacrifice) de Collings (il n'est d'ailleurs pas évident que l'homme avait l'intention de la séquestrer quand on y réfléchit bien...) elle revient au bercail de manière spectaculaire, couverte du sang sacrificiel, tombant d'un mouvement exagéré dans les bras du mari à deux doigts de la garde à vue. La boucle est bouclée : il n'est plus coupable, la police peut remballer son enquête et se contenter de sa version à elle.

Et lorsque des doutes sont émis (par le mari, par l'enquêtrice principale), que la version de la "victime" est remise en question, la réponse est "Ne pouvez-vous pas simplement être content qu'elle soit de retour?" (Comme le souligne le policier à l'hôpital, alors que les failles de son scénario commencent à affleurer). Evidemment, les caméras sont là. Lors de son grand retour... lorsqu'elle rentre de l'hôpital (toujours couverte de sang)... Et les jours suivants... Amy accueille les journalistes chez elle, et piège Nick avec une grossesse (fictive?). Elle lui avoue tout (sous une douche, pour vérifier qu'il n'a pas de micro) dans une déclaration d'amour hallucinante et c'est alors que les rôles s'inversent. Il a peur, il s'enferme, craint pour sa vie. Mais il se retrouve seul, car même si on le croit, elle a véritablement réalisé le crime (pas si) parfait avec la complicité de la bien-pensance américaine et des média, pourtant prêt à réclamer la tête de Dunn quelques jours plus tôt. Et tant pis pour Collings, qui endosse le rôle du salaud dont on réclame la tête. Et c'est la mort dans l'âme que Nick annonce à sa sœur jumelle (son seul soutien indéfectible) qu'il capitule et qu'il reste avec Amy. Lâcheté? Sens des responsabilités retrouvé pour un enfant à naître avec une mère passablement dérangée? Ou a-t-elle raison? Font-ils vraiment la paire? Et c'est sur le même plan que se termine le film, à une différence près: les camions-relais de chaînes TV garés dans la rue.

C'est avec les faux semblants que Fincher joue. Et à ça, il est très fort. Montrer un couple qui se délite sous la pression du quotidien, une personnalité qui se désagrège, un instinct de survie qui s'éveille... Au final, les twists sont assez secondaires. On les voit arriver d'assez loin (quoi??? elle est vivante???? Non!!!!). C'est voulu, je pense. Parce que ce qui est intéressant, ce n'est pas de surprendre le spectateur, mais de l'accompagner dans la folie de son personnage principal, d'expliquer pourquoi et de montrer comment elle l'a fait. Comment "Plain Amy" est enfin devenue "Amazing Amy". Parce que malgré l'horreur de ses actes, on ne peut s'empêcher d'admirer sa détermination et sa maestria. 

Enfin, pour l'addict de pop-corn movie que je suis, Gone Girl est un film palpitant malgré ses 2h30. Je n'ai pas eu l'impression d'être prise pour une débile et on égratigne pas mal tout ce qui me fait mal dans un pays qui s'érige en modèle. Ça fait longtemps que je ne suis pas ressortie d'une séance de cinéma aussi secouée. Et ça fait plaisir.


mercredi 15 octobre 2014

Kiss Me Balm de Sephora

J'ai craqué ce week end pour les nouveaux baumes à lèvres colorés de chez Sephora. Avec les températures qui descendent et le fait que je ne pense pas forcément jamais à mettre mon rouge à lèvres dans mon sac le matin, les baumes à lèvres sont un bon compromis pour moi. En plus, malgré la trentaine bien installée, j'adore les produits qui sentent le bonbon et aux couleurs pop (ça a peut-être quelque chose à voir avec les ados que je côtoie tous les jours :) ). Et là, il faut dire que Sephora a fait fort.

Ils ont sorti le Kiss Me Balm, un petit baume coloré en forme d’œuf. J'adore le design, qui change des tubes classiques. A appliquer, malgré la forme inhabituelle, c'est plutôt pratique. Par contre, je m'interroge sur le long terme, quand l’œuf n'aura plus vraiment une forme d’œuf.

J'ai acheté deux teintes (chose assez rare pour être soulignée) : Candy Apple et Soda Pop.

 


La teinte Candy Apple est un rouge transparent plutôt discret. Pour être honnête, je ne suis pas forcément convaincue par le parfum à la pomme d'amour. Juste à l'odorat, il n'est absolument pas reconnaissable (d'ailleurs, pour moi, c'est plus un parfum de fraise synthétique) mais cela reste agréable.


La pigmentation est légère: le produit laisse un voile coloré, il est agréable à porter, et la couleur reste 2 ou 3 heures. Mais c'est un baume, et l'application doit être régulière pour que l'effet protecteur soit assuré. Néanmoins, il remplace très bien les rouges à lèvres rouges que j'affectionne au quotidien avec un maquillage léger sur le teint et un trait d'eye-liner.

La teinte Soda Pop est LE vrai coup de cœur de la gamme pour moi. Tout d'abord, le parfum me rend hyper nostalgique: ça sent EXACTEMENT la même chose que les bonbons en forme de petites bouteilles de Coca-Cola, ceux qu'on achetait chez le boulanger quand on était petits. Quant à la teinte, même si ce n'est pas un brun glacé comme on pourrait s'y attendre avec le nom, elle tient ses promesses. Il s'agit d'un violine étonnamment soutenu pour un baume. Ce petit œuf-là, je l'aime d'amour.


Et le plus: son prix tout mini. Il coûte 6.95 € pièce, sachant que j'ai bénéficié d'une réduction de 25 %, j'ai donc eu les deux pour 10.50 €. 

Ce n'est pas le produit du siècle, et un autre produit tout aussi ludique remplacera celui-ci très bientôt, mais je le range dans mes préférés du moment.

samedi 11 octobre 2014

Les muffins d'automne...Pumpkin style...

Cet été, j'ai eu l'excellente idée de planter trois plants de potiron, histoire de voir ce que ça donnerait. Eh bien j'ai vu, et je n'ai pas été déçue!!!! J'ai des réserves de citrouille plein le congélateur (ça peut toujours servir en cas d'invasion de zombies, cela dit...)

Le potiron se décline donc en entrée, en plat et en dessert ces derniers jours. Ma tendre moitié était ravie, quand je lui ai annoncé aujourd'hui que le dessert d'aujourd'hui serait un muffin au potiron. La recette du jour provient du livre Muffins, les recettes de Bob par Mark Grossman (déjà coupable de New York, Les recettes cultes).



 C'est assez simple à faire, même si certains ingrédients doivent s'acheter spécialement pour la recette. Voici la version que j'ai faite aujourd'hui, avec les ingrédients que j'avais.

Ingrédients:
Pour les ingrédients secs...
  • 340 gr de farine
  • 1 sachet de levure
  • 150 gr de cassonade
  • de la cannelle
  • du gingembre confit (2 morceaux) haché
  • 1 pincée de sel
  • de la noix de muscade.
Pour les ingrédients liquides...
  • 80 ml de lait fermenté (que l'on peut réutiliser pour faire des pancakes)
  • 120 ml d'huile de tournesol
  • 2 œufs
  • 400 gr de chair de citrouille mixée
  • 5 portions individuelles de fromage frais (Carré Frais, Kiri, Saint Morêt...) 
On commence par faire préchauffer le four à 210 °C.

On mélange dans un saladier les ingrédients secs.

On mélange dans un autre saladier le lait fermenté, l'huile et les oeufs.

On combine ensuite les deux préparations (le mélange peut paraître épais et difficile à travailler) puis on ajoute la chair de citrouille (d'ailleurs, on dit citrouille ou potiron? Est-ce la même chose? Je m'y perds).

On garnis les moules à muffin jusqu'à la moitié puis on met une demi-portion de fromage dans chacun d'eux et on remplit à nouveau de pâte jusqu'au bord du moule. On enfourne 20 à 25 minutes (là, ça dépend du four) et on laisse refroidir avant de démouler. La recette prévoit 12 muffins, j'en ai fait 10 (mais je pense que mes moules sont plus grands). J'ai utilisé des moules en silicone. Le démoulage est plus facile, il n'est pas nécessaire de graisser les moules, mais j'avoue que je préfère les moules en métal, qui ne dégagent pas cette odeur synthétique que je déteste.




Le résultats gustatif est vraiment de saison. Les muffins sont moelleux à souhait et le potiron se marie très bien aux épices. On pourrait, je pense, décliner la recette avec un mélange de carotte et de potiron. On pourrait également y ajouter des raisins secs. Mais c'est aussi très bien tel quel, avec une petite tasse de Chai pour le tea time ou un café bien chaud et une orange pressée au petit déjeuner.

Si vous avez des suggestions, je prends!

Enjoy!


vendredi 10 octobre 2014

Birchbox octobre 2014

Petit bonheur du mois : ma Birchbox est là!

J'étais assez déçue par le contenu du mois dernier, autant dire que ce mois-ci, la chanson est différente. J'ai reçue une box remplie de produits que j'affectionne et que je vais tester à coup sûr. Le thème de ce mois d'octobre est "Les Belles Choses" et invite ses abonnées à la solidarité avec les Restos du Coeur en ajoutant un euro à son abonnement tous les mois (soit un repas). C'est si on veut, et ça n'a aucun caractère culpabilisant (ce qui aurait été absolument horripilant pour ma part). Le geste est clairement délimité dans la durée (jusqu'à mars 2015) et reste modeste.

A titre personnel, je trouve que le thème colle à la période, puisque que j'adore le mois d'octobre. Çà coïncide avec l'arrivée de l'automne, les citrouille, Halloween, le droit de traîner avec son chéri et / ou le chat sous la couette... Bref, c'est mon moment à moi.



Pour commencer, j'ai reçu un échantillon de BB Cream Embryolisse (19,10 € les 30 ml). Il s'agit d'un échantillon de 5 ml qui tombe à point nommé, puisque je viens de terminer mon tube d'Erborian (mon amour... Il faudra que je vous en parle un jour...). Seul problème, le ton me semble très orange. Le premier test fait sur mon bras me paraît peu concluant (j'ai la peau très claire): le produit s'étale assez mal et laisse un voile carotte sur la peau. Mais je vais quand même essayer sur le visage. Cela dit, si mes soupçons se confirment, cela ira à l'encontre de la promesse annoncée: "Pigments auto-ajustables Toutes carnations."





Le second produit est une lotion pour le corps de la marque Gilchrist & Soames (16.35 € les 236 ml). Il s'agit d'une miniature de 45 ml au design épuré. La texture est assez liquide au début, mais lorsqu'on chauffe le produit en l'appliquant, la lotion devient plus onctueuse et hydratante (cela fait un peu penser à du beurre corporel, en plus léger). Le parfum est très fleuri, et fait un peu cheap à mon goût. Mais le dépliant vante une composition "Eco-friendly" et le produit semble vraiment efficace sur les zones sèches. A tester, donc.




Le troisième produit est une huile capillaire de la marque Inca Oil qui s'appelle Pandora Oil (ça me rappelle Anne Rice et mes jeunes années, ça tiens...). Le full size de 100 ml vaut 22 €, et la miniature reçue contient 10 ml. Ca paraît peu, mais c'est à utiliser avec parcimonie. La promesse : "régénérer" les cheveux aux pointes fourchues et aux longueurs abîmées. Evidemment, dit comme ça, on a du mal à y croire. Mais depuis que j'utilise les huiles capillaires, mes cheveux ont vraiment changé d'aspect, et pour la première fois, j'arrive à les faire pousser. Le plus de ce produit, pas besoin de le rincer. Et l'odeur est à tomber.



Le quatrième produit est une bombe : il s'agit d'un roll-on pour les yeux de la marque Gatineau d'une valeur de 32.50 € pour 15 ml (et oui, il s'agit bien d'un full size!). C'est un produit à la fois hydratant et ayant une action sur les cernes. J'ai vraiment hâte de l'utiliser.



Et pour terminer, un jolie vernis à ongle rouge vif de la marque Lollipops. La teinte s'appelle Voyage à Paris et évoque un style très working girl. A tester rapidement. Le full size de 12 ml coûte 8.90 € (je pense qu'il s'agit d'un full size, même si la contenance n'est pas indiquée sur le flacon).



Voilà pour la box du mois d'octobre. Le contenu est prometteur (à part peut-être pour la BB cream) et le rapport qualité prix est vraiment très bon sur cette box.

Encore une fois, je recommande.

dimanche 5 octobre 2014

YSL ou Saint Laurent ?

Quand j'étais petite, ce que je trouvais cool au sujet des princesses, ce n'était pas le prince charmant, ce n'était pas attendre d'être libérée ou encore la vie de rêves. Non, ce qui me faisait vraiment kiffer, c'était les robes. Et je passais des heures à faire faire des défilés de mode à mes poupées Barbie (quel drame quand je perdais l'une des chaussures !) ou encore à dessiner des robes de soirée. 



Je m'imaginais styliste ou couturière dans une enseigne de mode. Depuis j'ai grandi, je ne sais même pas coudre, mais j'ai toujours un certain intérêt pour la mode.

Alors quand on annonce non pas un mais deux films sur ce monstre de la haute couture qu'était Yves Saint Laurent, je suis aux anges.



D'un côté, une version plutôt propre et lisse (édulcorée?) réalisée par Jalil Lespert. De l'autre, une version un tantinet plus poisseuse réalisée par Bertrand Bonello (L'Apollonide, pour situer l'univers du monsieur, c'était lui).

Soyons clairs, je ne parlerai pas vérités historiques ni ne pinaillerai sur des détails, pour la simple et bonne raison que je ne me suis pas documentée sur la vie de l'homme. Ce qui m'intéresse, ce sont les perceptions cinématographiques que provoque un seul et même personnage.

Ma préférence va sans conteste à la version de Bonello, que je trouve certes plus crue, mais également plus audacieuse et plus léchée visuellement. Néanmoins, la version Lespert reste plaisante à visionner, même si plus consensuelle. 

Parlons d'abord de l'univers esthétique et artistique. YSL (et Pierre Bergé, cela va sans dire) ont basé leur relation sur une passion commune : l'art. Ils se sont constitué un patrimoine impressionnant, il était donc logique que cela soit abordé. Lespert y voit un gouffre financier dans lequel s'engouffre le couturier comme un enfant capricieux chaperonné par un Pierre Bergé qui fronce (un peu) le sourcil face à l'insouciance financière de son "protégé" - ainsi on voit YSL entrer chez un antiquaire et acheter une statue de Bouddha sans demander une seule fois le prix comme on irait acheter une baguette de pain. Cet amour de l'art est bel et bien présent chez YSL, mais au final, la collection apparaît moins comme le fruit d'un partenariat entre les deux amants que comme l'aboutissement de l'empire de Pierre Bergé. A contrario, Bonello insiste sur l'importance que cette collection avait pour YSL. C'était à la fois une source d'inspiration pour ses créations mais également et surtout un réel besoin de se savoir entouré d'un certain faste esthétique, de pouvoir s'y nicher pour se prémunir de la laideur du réel.

A ce titre, les choix interprétatifs sont très révélateurs. Pierre Niney - bluffant par son mimétisme - choisit de se fondre dans une version très vulnérable et enfantine de son personnage (il y a bien quelques scènes dans un club SM / échangiste pour montrer que c'était quand même un petit dépravé histoire de coller à la réalité du bonhomme, tout de même). Ici, l'homme, le vrai, c'est Pierre Bergé. Et pour être encore plus clair, Lespert insiste sur la bisexualité et la violence physique dont est capable le personnage. Avec Gaspard Ulliel, Bonello assume le côté mante religieuse dévastatrice d'YSL, et en fait un monstre de sensualité pour qui l'autre n'est en définitive qu'un moyen d'assouvir ses désirs, ses caprices et ses fantasmes, que cela soit dans le domaine privé ou professionnel. Ainsi, le chien adoré Moujik en paiera le prix fort de manière assez grotesque. Mais finalement, avec la complicité de son entourage, Moujik deviendra un numéro.



La trame narrative diffère d'un film à l'autre. Là où Lespert tente de donner du sens au parcours d'YSL (clairement déchiré par ses origines Pied-Noir, malmené par  sa maladie, tourmenté par son identité sexuelle) , Bonello choisit d'en montrer les étapes clés. Par exemple, Lespert sous-entend que la géniale collection automne-hiver 1976 est l'aboutissement de la carrière d'un homme fatigué, presque un chant du cygne. En revanche, Bonello y voit un second souffle, une renaissance artistique d'un homme certes usé mais qui n'a pas dit son dernier mot. Ici, pas de faux-semblant, et au stupre des années de jeunesse succèdent les années du ridicule, celles d'un vieux beau sénile perdant le sens de l'esthétique et de l'élégance (ce blond "Johnny"...) jusqu'au souffle final. Lespert s'est refusé à montrer le couturier dans ses vieux jours, préférant une vision plus romantique, celle de l'artiste qui s'est brûlé les ailes par ses excès (ainsi, le voici jeune, qui s'effondre avec panache dans les bras de l'employée de maison dans la somptueuse demeure marocaine).

Finalement, on a reproché à Lespert d'avoir réalisé une commande pour Pierre Bergé. Et après avoir vu la version Bonello, cela semble se confirmer. Bergé y a souvent le beau rôle (l'amant indéfectible, manipulateur également mais toujours à des fins nobles). YSL, de son côté, n'est finalement pas plus qu'un enfant capricieux désireux de trop bien faire mais trop fragile pour y arriver seul. Toutes ses odieuses manœuvres y sont justifiées d'une manière ou d'une autre (sa jeunesse, la dépression, la pression exercée sur un génie si jeune...). C'en est parfois rageant. A contrario, Bonello est sans concession, et l'anecdote avec la couturière enceinte résume bien le personnage : il n'a lui-même aucune morale mais attend d'autrui d'être sans faille. Et pourquoi en serait-il autrement, puisque son entourage se montre si conciliant, parfois obséquieux face à ses désirs, aussi déraisonnables soient-ils? Quant à Pierre Bergé, il est beaucoup moins présent, et dans cette version, il ne tient pas les cheveux de son amant défoncé pendant qu'il vomit ses tripes. Non: il fait la seule chose sensée, il part pour se préserver.

Un dernier point me semble important, c'est la vision de la femme dans chacune des versions. Lespert, assez pudiquement, évoque les collaboratrices d'YSL, mais jamais vraiment les mannequins, à l'exception du personnage de Charlotte Le Bon, à la fois mannequin vedette et actrice de la naissance de la maison YSL. Et ce personnage à la fonction un peu fluctuante renvoie justement à la condition de mannequin, à qui on ne demande qu'une seule chose, porter les vêtements et se taire (la scène où elle est sèchement remise à sa place devant une délégation japonaise lors d'une présentation, et ce malgré son statut, est magistrale). Cela va jusqu'à sa coupe de cheveux et son désir de suivre une tendance autre que celle dictée par YSL. Et le différend qui l'oppose à YSL - elle a couché avec / a été utilisé par Bergé pour se venger du couturier de manière assez mesquine - aura sa tête. Car de façon détournée, ce qui est évoqué ici, c'est son statut d'objet (sexuel?) : même si on lui fait croire qu'elle a réussi et qu'elle a son mot à dire, elle sera remerciée et disparaîtra complètement dès lors qu'elle aura l'outrecuidance de se tromper ou même de s'exprimer.

Étrangement, sur ce sujet, Bonello est plus nuancé. Les femmes sont exclusivement montrées comme des collaboratrices précieuses ou à la rigueur des muses (femmes oisives, utilisant plus ou moins les faveurs de Saint Laurent à leur avantage), mais le dictat de la mode n'est abordé pleinement que dans la scène des sourcils. On y voit un mannequin subissant la pince à épiler rageuse d'une couturière, qui s'excuse et se justifie en invoquant les exigences du maître. Plus subtile, le propos pourrait presque passer inaperçu. Le vrai jeu de domination s'exerce entre les amants (à ce titre, Louis Garrel est éblouissant). Pour Bonello, Yves Saint Laurent semble être un film qui parle avant tout des hommes.

Pour conclure, je dirais que si l'on cherche une vision académique, en phase avec la vague des biopics récents, la version de Jalil Lespert est honorable. Néanmoins, si l'on souhaite un cinéma plus exigeant, avec un parti pris esthétique et sans concession, la version de Bonello s'impose.

Quoiqu'il en soit, les bandes originales sont toutes deux excellentes et à écouter sans modération.