dimanche 28 septembre 2014

Cloud Atlas

Voilà 3 semaines que j'ai commencé ce post. La rentrée est passée par là, et me voici enfin à mon clavier. C'est un article qui me tient à cœur, parce que j'ai vraiment passé un excellent moment lors de la lecture de Cloud Atlas. Il fait partie de ces livres que l'on ne voudrait jamais voir s'arrêter. Voici donc mon avis sur la question.



Il y a quelque mois, le film Cloud Atlas est sorti au cinéma. Il s'agit d'une adaptation du roman éponyme par David Mitchell réalisée par Andy et Lana Wachoswki et Tom Tykwer. Je dirais même plus, une adaptation ambitieuse, puisque ce roman englobe pas moins de six trames narratives, et qu'aucune n'a été laissée de côté pour le film.

Le premier visionnage fut, je dois bien l'avouer, assez laborieux : presque trois heures à essayer de suivre six intrigues sans rapports directs (a priori), ça demande de la concentration. Et puis, au bout d'une heure, l'exposition passée, j'ai fini par accrocher.
Alors bien sûr, ce film a ses défauts: les maquillages des comédiens sont souvent bluffants, mais il y a quand même quelques ratés (oui, l'idée c'est que tous les comédiens jouent dans chaque intrigue). Certains univers sont mieux réussis que d'autres. Enfin, certaines ellipses scénaristiques montrent que le film s'adresse essentiellement à un public qui a lu le livre. Mais au final, le souffle romanesque est efficace, et certaines scènes sont magnifiques! (Ah... Ben Wishaw disant adieu à son amant... J'en ai des frissons rien que d'y repenser).
J'ai donc eu envie d'aller plus loin et de lire le livre.

Et là, je dois avouer que j'ai passé un grand moment littéraire. La structure est extrêmement intelligente : le livre est construit comme un millefeuille narratif dans lequel s'imbriquent six intrigues. Le rapport entre elles est à la fois ténu et omniprésent, puisqu'elle part du postulat que chaque personnage est la réincarnation d'un autre personnage de l'intrigue précédente.

Mitchell joue également avec les époques et les genres, à tel point que son roman en devient inclassable. C'est à la fois un roman épistolaire, un journal, un polar, un roman de science-fiction, un compte initiatique...
Son écriture caméléon s'adapte à chaque genre, à chaque réalité avec précision, tout en mettant en exergue une réelle intimité avec les personnages et surtout les narrateurs successifs.
Mais surtout, et  c'est ce qui m'a le plus frappée, c'est un roman qui, sous une première lecture aux élans romanesques et idéalistes, cache une cruauté et une mélancolie implacables. Les personnages ne sont pas ménagés et vont de désillusion en désillusion, ce qui pourra parfois leur être fatal. Bien que rarement naïfs ou innocents, les personnages perdent leur candeur au pris des trahisons les plus ignobles. Mais cela n’empêche pas l'écrivain de terminer sur une note optimiste (faussement naïve?).

Si quelqu'un devait réaliser l'adaptation de ce livre, c'était bien les Wachowski. Ils ont su retranscrire les univers du roman de manière crédible. Si quelque chose peu "chiffonner" la lectrice que je suis, c'est peut-être la simplification à l'extrême de certaines intrigues (notamment, Somni's Orison) qui gomme la cruauté originale.(Le passage avec la poupée Barbie vivante aurait mérité d'être adapté). Les romances sont également plus accentuées, voire inventées pour titiller l'intérêt du spectateur (il n'est nullement question d'amour entre Zachry et Meronym, par exemple, dans le roman). Mais l'essence du roman est à mon sens respectée. Tous ces défauts font parti du jeu lorsqu'il est question d'une adaptation cinéma de cette envergure.

Si je peux me permettre un conseil, ce sera tout de même de lire le roman avant d'attaquer le film, qui reste très dense.



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